Decathlon retire son hijab de course de la vente en France

Communiqué de presse Décathlon Hijab

L’annonce du retrait du hijab de course mis en vente par l’enseigne d’équipements sportifs a été faite par son directeur de la communication, Xavier Rivoire. La décision de Decathlon intervient suite aux virulentes attaques des internautes. Dans un communiqué de presse, Xavier Rivoire a annoncé, le mardi 26 février dernier, l’intention de l’équipementier sportif de ne pas lancer la commercialisation de son hijab de course en France.

« Ce produit ne sera pas commercialisé en France jusqu’à nouvel ordre »

hijab-de-running-noirCe sont les mots de Xavier Rivoire lors de la conférence de presse tenue mardi 26 février 2019 sur RMC. Le directeur de la communication de Decathlon est intervenu pour mettre fin à une polémique qui est née à la suite de l’annonce de l’équipementier de mettre en vente en France un hijab de course. M. Rivoire précise bien que le vêtement incriminé ne sera pas commercialisé en France et rappelle par la même occasion que le produit n’a pas encore été ouvert à la vente en France et qu’il en sera ainsi jusqu’à nouvel ordre. Il n’a pas manqué de souligner que le hijab de course connaît déjà un grand succès dans d’autres pays comme le Maroc où l’enseigne a démarré sa commercialisation.

Il continue en précisant que la décision prise n’est pas intangible et que Decathlon ne renoncerait pas à ce projet. Celui-ci étant en accord avec la mission que s’est assignée l’enseigne depuis sa création il y a 43 ans, qui est celle de proposer des produits de qualité, abordables et accessibles à tous.

Décathlon assume tout particulièrement, selon les propos de son directeur de la communication, le choix de « rendre le sport accessible pour toutes les femmes dans le monde ». Pour l’équipementier, ce sacerdoce social transcende tout le reste, même s’il n’a pas manqué de présenter ses excuses pour avoir été maladroit dans sa façon d’expliquer sa démarche. Voilà qui met un point provisoire à une polémique qui a enflé en seulement quelques heures.

Une volte-face radicale seulement 24 heures après avoir assumé son choix

Le dimanche 24 février, la ligue du droit international de la femme avait, dans un communiqué de presse, qualifié la décision de Decathlon de commercialiser un hijab, de sport d’apartheid sexuel.

Laurence Rossignol, anciennement ministre des Droits des femmes dans le gouvernement Hollande, a renchéri sur le sujet en relayant le communiqué. Elle a été immédiatement suivie de Lydia Guirous, la porte-parole du parti Les Républicains, qui a interpellé l’équipementier sur le symbolisme religieux entourant le hijab. Elle n’a pas manqué de souligner que par sa décision, Décathlon renie les valeurs de la civilisation actuelle au profit du markéting communautaire.

La réponse de Decathlon à ses virulents propos a été immédiate. La marque a rappelé à cette occasion que l’accessibilité de la pratique du sport à l’échelle mondiale fait partie intégrante de ses valeurs. C’est donc en vertu de cela qu’elle a décidé de satisfaire à un besoin sportif de nombreuses pratiquantes de courses à pied qui sont limitées du fait de l’inadéquation entre les tenues actuellement disponibles et leurs préceptes religieux.

Cette vision de l’équipementier suit d’ailleurs la même logique que l’autorisation par la FIFA du port du voile pour la pratique du football depuis 2014. Malheureusement, la marque a dû revenir dès le lendemain sur ses propos au nom de la cohésion, du respect et de la tolérance qu’elle prône depuis 43 ans.

Permettre aux femmes de s’adonner à leur passion dans le respect de leur religion

La polémique a, en effet, démarré lorsque la marque a décidé de répliquer son expérience marocaine en France. Décathlon n’est pas le précurseur du hijab de course puisqu’avant lui, de grandes marques comme Uniqlo et Nike s’étaient déjà lancées sur ce segment.

C’est pour commémorer le mois de mars, connu pour être le mois de la femme que Décathlon a fait son annonce. La marque a communiqué sur ses comptes Twitter et Facebook qu’elle voulait mettre les femmes musulmanes pratiquantes de courses à pied à l’honneur.

Son objectif est de leur permettre de pratiquer leur sport en ayant la possibilité de porter un vêtement qui dissimule leurs cheveux et leur nuque en respect de leur religion. Le vêtement, qui devait être proposé en 3 tailles, est déjà commercialisé au Maroc.

L’expérience française avait pour objectif de voir comment le public accueillerait l’équipement. À ce sujet, Xavier Rivoire a remercié, dans sa communication sur RMC, toutes les personnes qui avaient donné leur avis dans le respect ou dans la virulence, parce que cela avait permis à la marque de progresser.

Cette rétractation de Décathlon intervient surtout pour garantir la sécurité de ses salariés. Ceux-ci avaient, en effet, reçu de nombreuses menaces par-dessus lesquelles la marque ne pouvait passer. Cette promptitude du numéro 2 de la vente d’équipements de sport  a d’ailleurs suscité de nombreuses réactions favorables des internautes.

En conclusion, cette affaire montre une fois de plus s’il en était besoin l’importance des réseaux sociaux pour la réputation des marques.